Tirer un trait sur le passé et transformer l’histoire d’une région
L’utilisation de terrains anciennement exploités par l’industrie est de plus en plus fréquente. Et pour cause, si on se penche sur le cas de la Wallonie, on dénombre sur le territoire 3.795 hectares de friches, répartis sur 2.113 sites.
En 2016, la forêt occupe 29,4% du territoire contre 28,8% pour les terres arables et cultures permanentes et 23,3% pour les surfaces enherbées et friches agricoles. Les terrains artificialisés couvrent quant à eux 2.588 km² (ce qui représente près de 15% de la superficie wallonne) contre 2.046 km² en 1985.
A cause de l’expansion des constructions résidentielles, on constate depuis 1985 une artificialisation moyenne de 17,5 km²/an.
Cependant depuis 2010, cette tendance est légèrement à la baisse avec 12,8 km²/an de terrains artificialisés. La remise en circuit des friches aujourd’hui inutilisées devrait permettre de revoir encore à la baisse ces chiffres à l’avenir.
Un nouveau décret « Sols » en Wallonie
Depuis 2018, le Parlement de Wallonie a approuvé le décret « Sols » du Ministre wallon de l’Environnement Carlo DI ANTONIO. Celui-ci représente un texte législatif de première importance pour l’environnement, pour la santé des Wallons ainsi que pour le développement économique de la Région.
Principalement, ce décret servira à clarifier le territoire (mieux répertorier les sites industriels, les friches, les zones exploitables, les forêts, etc.) ce qui permettra d’accélérer les investissements des promoteurs et la réhabilitation des terrains pollués.
En effet, de nombreux terrains ne sont actuellement pas valorisés par le simple fait qu’il persiste un doute quant à la qualité des sols.
Le Gouvernement propose donc la mise en place d’un mécanisme de subvention à l’attention des propriétaires de terrain, ou d’investisseurs intéressés par une réhabilitation de friches industrielles.
Sa première vocation étant environnementale et sanitaire, à travers la dépollution des sols pollués, ce décret permettra aussi de remettre dans le circuit économique de nombreux terrains contaminés.
Cette subvention sera accessible en cas de pollution dite « historique ». On parle donc ici de pollutions antérieures au 30 avril 2007.
En effet, les situations de pollution récente sont généralement connues et les responsables sont clairement identifiés. Par ailleurs, il est important de préciser que la subvention ne pourra pas être accordée à l’auteur d’une pollution !
Les subventions permettront de financer des études de ces sols (étude d’orientation, étude de caractérisation et étude combinée) ce qui aura pour objectif de lever les incertitudes pesant sur le terrain, d’estimer l’impact de la pollution résiduelle et d’enclencher une procédure de valorisation du terrain. Un budget de 2 millions d’euros sera consacré à ce nouveau dispositif.
Donner une attractivité aux friches industrielles wallonnes est essentiel pour préserver les ressources et soutenir le développement de l’économie wallonne.
Bénéfique pour l’environnement, ce « recyclage » des terrains pollués contribuera à préserver les terrains « propres » comme les zones vertes et des terrains agricoles, tout en permettant le redéploiement économique de la Wallonie.
Quelles actions concrètes seront proposées ?
La réforme, dans les grandes lignes c’est :
- Une conjonction du principe de précaution et de proportionnalité
- La préservation de la qualité des sols
- L’application du principe de pollueur-payeur
- La mise à disposition d’un cadre légal clair veillant à la sécurité juridique et à la simplification administrative
En résumé, la Wallonie porte une attention particulière à la revalidation de ses friches industrielles, notamment en facilitant les procédures d’assainissement des sols, en simplifiant la procédure administrative et en permettant une plus grande clarté sur le territoire.
Un patrimoine historique et industriel important
Des siècles d’activité humaines ont laissé des traces en Wallonie, en matière de pollution, notamment à une époque où la question des défis environnementaux et sanitaires n’était que très peu ou pas du tout prise en compte. De nombreux sites industriels doivent ainsi aujourd’hui faire l’objet d’une réhabilitation. Mais il est important que ces sites puissent être réaffectés après leur assainissement, notamment à travers des projets immobiliers.
Une gestion parcimonieuse des ressources doit absolument être respectée.
Par le passé, il n’existait pas de cadre juridique clair et acteurs économiques faisaient face à une insécurité juridique, avec comme conséquence directe le ralentissement de leur processus d’investissement.
Ce nouveau projet de décret adopté constitue la réponse du Gouvernement wallon à cette situation, afin de pouvoir maintenir le tissu économique wallon et bien entendu permettre l’arrivée de nouveaux investisseurs tout en poursuivant l’assainissement des sites pollués.
Wérister, un avenir positif sur un site industriel historique
L’éco-quartier de Wérister s’inscrit tout à fait dans cette dynamique de réhabilitation d’ancien suite industriel. A la suite des procédures mises en place pour assainir les sols, le projet du quartier permettra de créer de nouvelles zones vertes (qui n’existent pas forcément aujourd’hui). En effet la biodiversité de Wérister est actuellement assez insignifiante, étant donné que les sols sont d’anciens charbonnages.
Le projet d’assainissement prévoit notamment la création d’une colline de confinement qui sera végétalisée.
Découvrez cet article pour en savoir plus sur les milieux naturels de l’éco-quartier de Wérister.
A l’avenir la biodiversité va aussi s’accroitre sur cette zone, non seulement les zones vertes seront plus conséquentes en taille, mais elles le seront aussi en qualité, la végétalisation des environs permettra un meilleur développement de la faune et la flore locale.
Un exemple concret : la protection des batraciens fait aussi l’objet d’une attention particulière en Wallonie et le crapaud Calamite sera protégé au sein de l’éco-quartier de Wérister grâce notamment à la construction de « passages » permettant leur migration printanière.